Violences urbaines planifiées ? Une enquête est en cours

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Crise sociale : huit personnes mises en examen pour “association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes et délits en bande organisée”

L’affaire fait grand bruit depuis la semaine dernière et de nombreuses révélations sont certainement à venir.

Ce scandale pourrait-il changer la donne sur le front social ces prochaines semaines ? Peut-être bien tant les faits sont gravissimes et scandaleux. En début de semaine dernière, on apprenait qu’une information judiciaire avait été ouverte et confiée à deux juges d’instruction, Après quatre-vingt-seize heures de garde à vue, huit personne, interpellées lundi, ont été mises en examen, notamment du chef d’« association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes et délits en bande organisée ». Quatre d’entre elles ont été placées en détention provisoire.

Dans une conférence de presse donnée vendredi 21 janvier, le procureur de la République Patrick Desjardins a fait des révélations très inquiétantes sur le déroulement des événements sociaux de novembre et décembre dernier. Selon lui, « aucune scène de violence », y compris les plus récentes, « n’a été spontanée ». « Dans les surveillances qui ont été mises en place », à la suite des premières émeutes de novembre 2021, « nous avons compris qu’il était question d’un partage des rôles entre les jeunes », notamment des gangs de Baie-Mahault, de Pointe-à-Pitre et de Grand-Camp (aux Abymes).

 

IMPLICATION D’UN FONCTIONNAIRE DE POLICE

Après une nuit d’émeutes, à la fin de novembre 2021, ponctuée de tirs contre les forces de l’ordre, au cours de laquelle le SPIP (le service pénitentiaire d’insertion et de probation) a été incendié, « les investigations se sont intensifiées », tenues « dans le plus grand secret ». Car est apparue, selon le parquet, « la complicité, voire l’implication active, d’un fonctionnaire de police », placé désormais sous mandat de dépôt.

« On est sur de la trahison », a précisé le procureur. « Nous savons qu’il était à l’origine de nombreuses opérations, celle contre le SPIP, mais également celle qui était prévue le 30 décembre [2021]. »

Ce jour-là, la manifestation du collectif d’organisations mobilisé contre l’obligation vaccinale devait arriver jusqu’à l’aéroport « avec un mode opératoire déterminé entre les manifestants et les membres de gangs, qui, eux, devaient occuper les pistes avec des véhicules volés » et enflammés. Des échauffourées ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l’ordre. Le leader syndical Elie Domota avait été arrêté, puis libéré dans la soirée. Par ailleurs, la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre était une des prochaines cibles, selon l’enquête.

 

RELATIONS TROUBLES AVEC CERTAINS ELUS LOCAUX

« Dans l’esprit des personnes impliquées, l’objet de ces émeutes était clair », a encore expliqué le procureur. Si la « bataille idéologique » et l’obligation vaccinale, de même que la question relative à la jeunesse, restent en toile de fond, « ce qui est sûr, c’est une volonté claire d’enrichissement ». Selon l’enquête, le but était d’obtenir « des sommes conséquentes de la part de grands groupes en échange de la promesse de ne pas lancer les émeutiers contre leurs intérêts ». Ce qui explique l’absence d’attaque des grands centres commerciaux de l’île.

D’autre part, a affirmé M. Desjardins, il s’agissait de « bénéficier de subvention par le biais d’associations utilement créées à la faveur de négociations à venir, avec l’Etat, mais aussi à la faveur de relations parfois troubles avec certains élus locaux », en usant de « pressions importantes ».

Réagissant aux mises en examen annoncées par le procureur, le député Olivier Serva a dit avoir rencontré certains jeunes « dans le cadre des négociations de sortie de crise », qui sont désormais placés en garde à vue ou en détention préventive. Il appelle à une « justice impartiale ne négligeant pas leur rôle dans ce processus d’apaisement […] compte tenu de leur volonté de se réinsérer ».

Durant toute la journée, une centaine de personnes, dont des leaders du syndicalisme local, étaient présentes devant le tribunal, « en soutien » aux personnes déférées.

L’enquête se poursuit pour déterminer le niveau d’implication des uns et des autres dans cette affaire, notamment le rôle de certains élus et bien évidemment celui du collectif des organisations en lutte contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale. A suivre.

( avec AFP)

(Photo d’archives)

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